MISCELLANÉES

 

Langages anthropologiques - culturels - narratifs

(Languages - Anthropology - Cultures - Narration)

« (…) Le forçage de l’évolution à venir de l’espèce est maintenant envisageable: d’une part, les êtres humains subissent les conditions environnementales qu’ils transforment eux-mêmes, d’autre part, ils élaborent des techniques permettant d’orienter cette évolution, en transmettant des mutations génétiques par des cellules germinales. Le choix de l’évolution entre donc dans le domaine de la détermination collective. »
(Hervé Kempf, La Révolution biolithique, Albin Michel.)

« Nous avons modifié si radicalement notre milieu que nous devons nous modifier nous-mêmes pour vivre à l’échelle de ce nouvel environnement. »
(Norbert Wiener.)



Les membres de la Lacunar Society, toutes disciplines et origines confondues, travaillent pour la plupart à proximité d’organismes comme l’Institut de Haute Technologie du Massachusetts, Nothingham. Depuis peu, d’autres chercheurs et penseurs de par la monde se sont joints à eux. Le lien de complicité qui les lie consiste avant tout à élaborer en toute indépendance - hors dogmatismes, réductionnismes et idéologies - leurs perspectives quant aux considérables enjeux qui, au cœur du Dispositif financier et industriel mondial, opèrent sans doute une remodélisation radicale du vivant au moyen des techniques oeuvrant - de façon souvent inconscientes - à ce qu’il est convenu d’appeler "L’Évolution des espèces assistée par ordinateur" (EEAO - cf. ci-bas La Sainte Alliance Science - Finance - Religion). (Voir aussi ci-contre)…
La Lacunar Society ne date en réalité pas d’aujourd’hui. Dès 1628, un groupe de "colons" se rassemblait en société "secrète" éponyme à l’ombre de la "Massachusetts Bay Company", dans la Nouvelle Angleterre. Visionnaires et démocrates avant la lettre, ils s’appliquaient à dénoncer les tendances qui, au sein de cette organisme, préparaient à leurs yeux la vaste opération de conquête de ce qui était déjà un "establishment" impérialiste. Composée d’aventuriers, marchands, puis, très vite, de philosophes, écrivains, anthropologues et de biogénéticiens, la Lacunar Society peut se prévaloir d’une séculaire mise en perspective des événements cycliques tant que systémiques qui touchent les conditions de survie des espèces dans le monde.

(LES AUTEURS DES EXTRAITS CITÉS SUR CETTE PAGE MISCELLANÉES N’ONT À NOTRE CONNAISSANCE AUCUN RAPPORT DIRECT AVEC LA LACUNAR SOCIETY.)



MÉFIONS-NOUS DE LA "BOÎTE NOIRE"
Ce que nos "membres" ont en commun est une vigilance de tout instant envers les adeptes de la « conception intelligente » (Intelligent Design and evolution Awareness), de tendance néo-créationniste, et cela quelles que soient les critiques pouvant être opposées à la théorie darwinienne. Cette nouvelle tendance conteste que la sélection naturelle - moteur de l’évolution selon Darwin - soit suffisante pour exliquer la complexité du règne du vivant ; pour elle il s’agit là du travail d’un concepteur intelligent, qui ne serait autre que le Dieu biblique.Ses partisans, de plus en plus nombreux, " sont déterminés à faire connaître leur position et ils souhaitent la voir jugée selon de véritables critères scientifiques ", (Tom Petri, représentant républicain du Wisconsin). Il n’est pas le seul à souhaiter voir enseigner cette théorie dans les universités américaines dont on sait la traditionnelle et hélas assez large sensibilité évangélique en faveur du mouvement créationnistes. Le premier jalon de cette théorie a été posé avec l’ouvrage de Michael Behe: Darwin’s Black Box : The biochemical Challenge to Evolution (La Boîte noire de Darwin, ou comment la biochimie défie la théorie de l’évolution).

Les événement théologico-politiques récents joints à la puissance d’abstraction de plus en plus radicale qui domine les recherches biochimiques et les modélisation mathématiques visant notamment les suites aléatoires, ne peuvent qu’inviter à une vigilance accrue.


Dernier Neandertal : A. Gyl.

« Je comprendrais fort bien que quelqu’un s’appliquât à relever le caractère d’impulsion fatale affecté par la civilisation humaine, et fît remarquer par exemple que la tendance à restreindre la vie sexuelle, ou à réaliser l’idéal humanitaire aux dépens de la sélection, répond à des orientations évolutives que rien ne saurait influencer ni détourner de leur voie, et devant lesquelles mieux vaut s’incliner, comme s’il s’agissait de nécessités naturelles. (…) La question du sort de l’espèce me semble se poser ainsi : le progrès de la civilisation saura-t-il, et dans quelle mesure, dominer les perturbations apportées à la vie en commun par les pulsions humaines d’agression et d’autodestruction ? »
(Sigmund Freud, Malaise dans la civilisation.)

« À quoi tient ce sentiment [d’une transgression sans pareille (le clonage), par laquelle serait mis à mal le noyau le plus intime de notre humanité, ce qui nous est le plus cher dans notre être (humain)] ? Comment expliquer cette conviction ? La réponse de Kass(1)tient en un mot qui résonne loin : le mystère. Nous ne serions pas seulement déroutés, effrayés par le brouillage des relations de parenté, mais déshumanisés par la perte de la sagesse (wisdom)inspirée par le mystère selon lequel la nature a lié ensemble le plaisir du sexe, l’envie de s’unir à une autre personne, la communion dans l’étreinte, le désir d’enfants, très profond même lorsqu’il n’est pas exprimé, à l’intérieur même de l’activité par laquelle nous participons à la chaîne de l’existence humaine et contribuons au renouvellement des possibilités de l’homme. »
(D. Lecourt, Humain Post Humain, PUF, 2003) (1)L.R.Kass, Triumph or Tragedy, The moral meaning of genetic technology, conférence, 23/3/03, Michigan.

 « Une idée hygiéniste, médicale et utilitariste de l’être humain paraît discrètement se mettre en place, loin des scénarios catastrophes et des "dérives de la science" ressassés par les médias. L’événement, feutré, se déroule peut-être là où on l’attend le moins, aux confins du social et de l’intime, sans projets idéologiques affichés, comme, autrefois, l’amélioration de l’espèce et de la race (eugénisme revisité par le nazisme), dont la plupart des observateurs prennent soin de démarquer la science médicale contemporaine. On peut même penser qu’il est étranger aux effets de fascination exercés par la "maîtrise du vivant" sur la pensée scientiste et postmoderniste. Il se jouerait plutôt de façon banale, dans l’intégration par tout un chacun de normes avant tout médicales et biologiques et dans l’affirmation d’attitudes et de revendications de type consumériste concernant la santé, la procréation, la vie et la mort. »
(Laurence Gavarni, in L’Avenir n’est pas héréditaire, H. Ponchelet, PUF.)

 


« La biologie est vraiment un domaine aux possibilités illimitées; nous devons nous attendre à recevoir d’elle des lumières les plus surpenantes et nous ne pouvons pas deviner quelles réponses elle donnerait dans quelques décennies aux questions que nous lui posons. Il s’agira peut-être de réponses telles qu’elles feront s’écrouler tout l’édifice artificiel de nos hypothèses. »
(Sigmund Freud, Essais de psychanalyse, 6, PUF, 1981.)  

« Dans sa forme antique, première, de début de l’histoire, l’Age d’or est une idée mélancolique; c’est comme si, il y a des milliers d’années, nos ancêtres avaient pressenti la découverte finale du principe d’entropie au beau milieu du XIXe siècle enivré de progrès - découverte qui, si on ne l’avait pas remise en question, aurait ôté tout sens à l’action. Ce qui a débarrassé les hommes qui ont mené les révolutions, aux XIXe et XXe siècles, du principe d’entropie, c’est moins la réfutation "scientifique" d’Engels que l’adoption par Marx et, bien sûr,par Nietzsche également - d’un concept de temps cyclique dans lequel l’innocence préhistorique des origines ferait un jour sa rentrée, tout aussi triomphale que la venue du Second Messie. »
(Hannah Arendt, La Vie de l’esprit, PUF.)

« Car l’idée selon laquelle la création hypothétique par Dieu de l’homme et des animaux, la reproduction des êtres vivants suivant leur mode propre, et la reproduction possible des machines, font toutes partie du même ordre de phénomène est effectivement troublante pour nos sentiments, de la même manière que les conjectures de Darwin sur l’évolution et la généalogie de l’homme furent jadis troublantes. Si c’était alors insulter notre orgueil que de nous comparer à un singe, nous en avons, depuis, pris notre parti, mais c’est une insulte bien pire que de nous comparer à une machine. La réprobation dont, suivant l’époque, certains accablent telle ou telle conjecure, est exactement de même nature que celle qui accablait jadis le péché de sorcellerie. »
(Norbert Wiener, God and Golem Inc. L’Eclat.)

« Le Pyrrhonisme se tient dans l’Ouvert, où l’accueil est sans limites. (…) Savoir qu’il n’y a rien à savoir, c’est d’un seul coup obtenir sur toute chose une révélation qu’il faut ensuite garder telle quelle sous le regard, sans parcelliser en affirmations, négations et systèmes où elle se perdrait, tandis que, corrélativement, les apparences se durciraient en "êtres" ayant leur "vraie nature", etc., et ces êtres, essences et natures, s’organiseraient en "monde". (…) Or si (la chose être) est relationnelle de part en part, il n’y a plus rien en elle de substantiel et par quoi elle échappe à l’instabilité; elle se réduit à son élément changeant. Sans cesse elle se fait et se défait, mais sans doute inégalement dans ses différents aspects : de là, pour un certain laps de temps, une identité approximative. »
(Marcel Conche, Pyrrhon ou l’apparence, PUF.)

« Nous avons, dans l’ensemble de la nature, une indiscutable supériorité sur le reste des vivants, nous sommes même les seuls porteurs d’abjection et de péché dans le monde. Notre capacité de dégradation est infinie, et tant que nous n’aurons pas mis en acte tout le crime qui est en puissance en nous, notre course ne sera pas finie. »
(Guido Ceronetti)  

« Dans une société mondialisée, la guerre mondiale accouche d’une police mondiale. Désormais, toutes les armées seront les gendarmes du monde. (…) Si l’informatique peut tout savoir grâce à ses drones, ses satellites, elle représentera un tel pouvoir de dissuasion que les peuples ne bougerons plus. »
(Paul Virilio)  



et… "Brécher" la Sainte Alliance: SCIENCE - FINANCE - RELIGION ?…

« SFR, Ô le joli sigle ! Cela marche en français comme en anglais : Science - Finance - Religion. Comprenez que ce Triumvirat est bel et bien à l’œuvre au cœur du aussi sacro-saint Marché - au nom duquel, d’ailleurs, se fait ce vigoureux et consensuel effort de "réconciliation". Ensemble, cela opère un nouveau modèle "humain". Ainsi semble le vouloir l’incontournable dynamique évolutive en ce début du vingt-et-unième siècle. Physiciens, biogénéticiens, astrophysiciens, théologiens, lobbies et sectes, partout s’exprime une demande de plus en plus pressante et ouverte pour que "survive l’espèce dans un nouvel élan de raison et de foi". Et pour qu’ensemble celles-ci - raison techniciste et Religion - se réconcilient. Qu’on continue donc, mais tous ensemble, avec des cautions réciproques de bonne conduite. On croyait dissipé "le lieu unique du pouvoir" (Foucault), on croyait désagrégées les certitudes dans le grand tout de la relativité : que non ! Le Big-Bang, la théorie quantique et le corps unique et immortel bricolé un peu plus chaque jour dans les laboratoires, intéressent bigrement les consciences appointées des flux tendus du capital et des monothéismes : Néo-Dominicains, Baptistes, néo-Créationnistes, Talmudistes, arché-islamistes et même Tibéto-Bouddhistes ainsi que toutes les richissimes sectes New Age. Bref, voilà que se mettent en place les prolégomènes d’une "sacrée" tyrannie confortée, paradoxalement, par le terrorisme intégriste d’une version monothéiste singulièrement new age elle aussi…


« Et le Breacher dans tout cela ? En quoi et comment viole-t-il des normes, quelles brèches peut-il ouvrir dans les murailles de la nouvelle forteresse spectaculaire et militaro-marchande qui n’en finit pas de voir le jour ? Où va-t-il chercher son pouvoir et son vouloir transgressifs, puisque "breach" signifie (en anglais) violation, rupture et transgression de lois et de normes et que notre terme "Breacher" (
Brécheur) en est la substantification "explosive" ! Alors, projetons et rêvons un instant. Puisqu’on veut et qu’on peut produire génétiquement des corps remodelés (et chacun n’a qu’à faire l’effort pour se renseigner sur les industries bien réelles, bien actives, ci-dessus implicitement désignées), eh bien ! imaginons que ceux-ci, ces corps remodelés, ces "brécheurs" finissent par faire tout le contraire de ce pourquoi on les veut... Qu’ils fassent, selon la formule, retour sur leurs manufacturiers, que cette lignée inédite leur fasse, comme par désenchantement pour leurs producteurs, un "enfant dans le dos"; des "hérétiques" parfaitement autonomes et délicieusement improductifs, admirablement futiles (ni utiles ni inutiles), indécidables mais bien présents. Une espèce nouvelle ? Puisqu’on en veut une, qu’elle advienne !… ne fût-ce que dans nos imaginations, mais pas là où le Triumvirat l’attend… »

Gwen Wolff.
(Traduit de l’Anglais par Étiennette Levrain)


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