L’Hominisation comme maladie

par Michel Tibon-Cornillot

Dans le monde universitaire, Michel Tibon-Cornillot est sans un des rares parmi les philosophes et hommes de science à aborder de front le débat qui fait rage autour des anthropotechnologies (ndlr).

Hominidé
Il est inexact de prétendre que les hommes d’aujourd’hui cherchent à se forger un destin ; ils ne font peut-être que tenter de prendre en charge un destin originel bien plus terrible et dominateur qu’avec beaucoup d’habilité et de courage ils s’efforcent de contourner et de quitter sans regret, sans retour.
Michel Tibon-Cornillot

L’Homo sapiens à la croisée des chemins : ambiguïté des techniques modernes

L’évolution des techniques ne va pas dans le sens d’une transformation du corporel mais bien plutôt dans la direction inverse, celle de sa conservation. Étrange situation du reste, où s’accroît « la séparation de plus en plus flagrante entre le déroulement des transformations du corps, resté à l’échelle du temps géologique, et le déroulement des transformations du corps, lié au rythme des générations successives 13. » Ce processus par lequel les techniques exsudées, autonomisées, permettent aux hominiens de maintenir leur intégrité corporelle, pose problème, car le décalage s’accentue entre un univers social et technique se transformant à une allure vertigineuse, « l’homme de chair et d’os, véritable fossile vivant, immobile sur l’échelle historique, parfaitement adapté au temps où il triomphait du mammouth mais déjà dépassé au temps où ses muscles poussaient les trirèmes 14 ».

Les techniques se déploient donc selon deux orientations étroitement imbriquées l’une dans l’autre. Elles ont permis aux hominiens d’accroître de façon considérable la maîtrise de leur environnement, d’envahir des niches écologiques de plus en plus nombreuses et d’en expulser ou de soumettre les êtres vivants qui les occupaient. Mais ce processus de contrôle qui s’est développé pendant tant de millénaires s’est mis en place grâce à un autre mouvement par lequel l’espèce humaine a systématiquement projeté hors d’elle, dans des outils, des machines, des animaux domestiques, etc., les instruments lui permettant l’accroissement de ses performances. Les hominiens ont pu, de cette manière, préserver les rythmes géologiques de leur transformation et maintenir un état de disponibilité et d’immaturité qui rendait possible l’élaboration incessante de nouveaux apprentissages.

Cette finalité profonde de la sphère technique ne rentre pas dans le cadre du mouvement qui caractérise la rationalité activiste occidental à l’œuvre dans les sciences, à savoir ce projet général de reconstruction du monde et de l’homme. Dans la mesure où les processus techniques traditionnels sont entrés peu à peu dans la logique interne propre aux sciences modernes qui les ont à la fois transformés et dynamisés, ils sont partie prenante au sein du vaste mouvement de contrôle et de transformation animant le mixte scientifico-technique. Faut-il en déduire que les techniques ont été si profondément remaniées qu’elles ont pour seul destin de s’inscrire dans le destin général des sciences : transformer le monde et plus particulièrement le corps humain ? Faut-il considérer, bien au contraire, que les objets, gestes et instruments techniques modernes les plus élaborés, s’enracinent toujours dans cette dynamique profonde : maintenir l’intégrité des corps actuels, préserver les rhytmes évolutifs géologiques auxquels est soumise l’espèce humaine ? L’activité scientifico-technique contemporaine qui s’oriente irrésistiblement vers une transformation profonde de l’Homo sapiens, serait plus contradictoire qu’il n’y paraît et susciterait sur son versant technique des tendances de plus en plus fortes à ne pas le changer. Quels indices avons-nous pour accorder quelque crédit à ce récit ?

Nous avons réaffirmé sans cesse l’autonomie des processus techniques et la profondeur des liens qui les unissent aux corps humains, ainsi qu’aux êtres vivants. Ne libèrent-elles pas l’espèce humaine des dérives biologiques spécialisées qui l’éloigneraient de cette « immaturité », source de sa disponibilité créatrice ?

Pourtant, les analyses de Leroi-Gourhan ne sauraient nous satisfaire pleinement. Lorsqu’il les mena, au début des années cinquante, le génie génétique n’avait pas été inventé. Comment pourrions-nous oublier en effet que la créativité technique a joué un rôle majeur dans la mise au point des processus par lesquels l’espèce humaine a pu, en quelques décennies, avoir accès au matériel héréditaire, le transformer selon ses fins ? Il faut alors reconnaître que nos développements aboutissent à des résultats contradictoires : différentes des sciences dans leurs finalités et leurs rapports aux corps humains, chargées de préserver l’intégrité de notre espèce depuis des millénaires, les techniques participent maintenant de façon privilégiée à leur transformation. Faut-il finalement admettre que leurs liens si étroits avec l’approche scientifique et son activisme prométhéen leur ont fait perdre définitivement leurs connexions vitales avec les corps des hommes, qui les situaient en plein cœur du processus d’hominisation et qu’elles ont maintenues pendant si longtemps ? Je vais essayer de me frayer un chemin entre les mythes, des hypothèses et quelques données scientifiques afin de montrer de quelle manière cette contradiction propre aux techniques contemporaines ne leur retire toujours pas leur spécificité propre.

L’hominisation comme maladie et les techniques comme soins

Les techniques et les sciences jouent certes un rôle important dans la situation délicate que nous vivons (l’équilibre de la terreur nucléaire), encore faut-il que ce diagnostic élémentaire ne soit pas déformé par les mêmes confusions, les mêmes sophismes, ceux que l’on évoquait déjà : la réduction des techniques aux sciences, l’existence mythique d’une vie collective et individuelle « saine », l’anthropocentrisme forcené qui confond sans cesse le destin du vivant avec celui des hommes parce qu’il lit dans leur histoire le surgissement progressif de l’esprit manifestant devant leurs yeux stupéfaits la vérité de leur évolution.

La réalité la plus profonde de notre condition est sans doute moins glorieuse et, pour la comprendre, les techniques sont un indicateur précieux. Rappelons-nous ce constat : l’homme contemporain est écartelé entre l’archaïsme de son agressivité, celle d’un prédateur omnivore et conquérant à l’intelligence rusée, et l’extravagance de ses moyens modernes de destruction acquis grâce à une créativité culturelle séculaire. La permanence de nos pulsions les plus archaïques rend plausible et, disons-le, quasi inéluctable le déclenchement d’une conflagration nucléaire. L’ensemble de cette situation où le plus primitif en l’homme peut s’appuyer, pour s’exprimer, sur les développements culturels les plus raffinés ne renvoie ni à la confusion de l’être et des étants ni à une faute originelle mais tout simplement à une grave maladie dont on a déjà évoqué quelques symptômes et qu’il faut essayer de décrire un peu plus en détail.

Hominisation, station debout et développement cérébrospinal

La localisation géographique des espèces ayant participé au processus d’hominisation est maintenant assez précise. Elle s’est faite en Afrique entre la vallée du Rift et l’océan Indien. C’est là que les paléontologues ont pu découvrir « les traces de squelettes, d’outils d’hominidés de 2, 3, 4, 5, 6 et peut-être 10 millions d’années 15  ». C’est là que fut découvert à Hadar, en Éthiopie, un squelette entier d’hominidé du pliocène (3 millions d’années), celui de « Lucy », un Australopithecus afarensis et que, dans la même région, l’équipe du paléontologue Tim White vient de mettre à jour les restes significatifs (45 % du squelette d’un seul adulte), vieux de 4,5 millions d’années, d’un australopithecus ramidus, plus ancien encore que afarensis. « Cette évolution des hominidés s’accompagne de toutes les données anatomiques, biochimiques, cytogénétiques… qu’il faut pour démontrer notre cousinage avec les panidés 16. » Nos lointains cousins ont été localisés essentiellement à l’ouest de la vallée du Rift, là où les forêts se sont maintenues ; ils présentent du reste un haut niveau d’adaptation à ce milieu boisé, entre la brachiation et le déplacement quadrupède. En clair, la paléontologie moderne a montré de façon définitive que la répartition des panidés (gorilles et chimpanzés) et celle des hominidés (australopithèques et premiers hommes) se fait de façon très précise de part et d’autre de la vallée du Rift. Celle-ci représente la ligne de fracture, d’effondrements entraînant, par « relèvement des bords, un changement de régime des précipitations ; l’ouest serait resté couvert tandis que l’est aurait vu la forêt se réduire et son paysage se découvrir 17 ».

L’étude systématique de l’évolution géologique, climatique de l’Afrique, pendant l’apparition des hominidés, montre que celle-ci s’est faite dans le sens général de l’humide au moins humide : « la savane boisée s’éclairait de manière sensible vers trois millions d’années et de manière tout à fait impressionnante vers 2 200 000 au point de ressembler à une véritable steppe… Tout a l’air de se passer comme si le changement de paysage jouait un rôle, peut-être essentiel, dans la sélection de ces deux hominidés en un milieu découvert évidemment dangereux où ils étaient très vulnérables, Australopithecus boisei protégé par sa taille, Homo habilis aidé par le développement de son système nerveux central…. La conjugaison de la grande cassure les orientait à s’adapter à un environnement de plus en plus sec et déboisé 18. »

Cette adaptation au nouveau milieu permet de comprendre l’élément clé de l’évolution des hominidés, la station debout : c’est en tout cas ce que l’on peut observer chez Homo habilis, « le type même de ce primate supérieur des savanes sèches, bipède omnivore, opportuniste, artisan et social, malin et prudent, conscient et bavard 19 ».

Le bipédisme est premier ; le développement cérébrospinal en est une conséquence, ce que s’attache à démontrer A. Leroi-Gourhan dans une bonne part de son œuvre 20. Les remaniements anatomiques ayant permis l’extraordinaire développement du système nerveux des hominidés s’organisent autour de l’influence décisive des composantes des forces de pesanteur sur les vertèbres constituant l’épine dorsale de nos ancêtres. Les vertèbres s’écrasent et s’empilent comme une pile de soucoupes, le jour central voit son diamètre s’accroître, permettant le développement de la moelle épinière. On assiste par ailleurs à un déblocage de l’arrière-crâne, au niveau rachidien ; la tête, se trouvant en quelque sorte en équilibre sur la pile des vertèbres et pouvant opérer des rotations vers le côté et l’arrière, élargit ainsi considérablement le champ visuel. C’est aussi la station debout qui permet la libération des mains et la formation d’un espace avant dynamique. De la même manière, la libération des mains est aussi ce qui va permettre la fin du fouissage ou de la palpation buccale directe de l’environnement, laissant ainsi la possibilité de développement de la labilité des lèvres et de la langue. Langue, lèvres, gorge, dégagées des fibres ou de la terre, trouvent de nouvelles conditions qui permettront la possible apparition du langage articulé 21.

Dans la description de ces processus libérés par la station debout, aucun n’est la cause de l’autre. Il faut les comprendre au sein d’un champ de déterminations s’appuyant mutuellement, se renforçant et rendant possible le déverrouillage de l’arrière-crâne et donc le développement concomitant du cortex télencéphalique, ceci précisément au moment où les possibilités physiologiques et anatomiques d’apparition d’un langage articulé sont en place. On peut supposer que le développement du système cérébrospinal a permis le franchissement d’une étape qualitative, le déploiement systématique des langues. Leur souplesse et leur puissance vont interférer à leur tour avec la créativité technique ; ce fut sans aucun doute un moment privilégié dans l’évolution des hominidés. Il y a donc un mouvement de bascule entre la prééminence de la station debout comme facteur déterminant du procès d’hominisation, permettant secondairement les remaniements nécessaires au développement cérébrospinal, et le moment où ce développement étonnant reprend de façon hégémonique toute l’évolution humaine. Un glissement du centre de gravité de l’évolution des hominidés s’est opéré : ce qui était second devient premier et sur-détermine le processus évolutif humain.

Le développement cérébrospinal, l’apparition des représentations et la naissance de l’angoisse

Il n’est plus question de rechercher du sens dans l’émergence de la conscience réfléchie liée au développement cérébrospinal mais plutôt de se demander si ce développement vertigineux n’a pas d’autres effets dés-adaptatifs très graves pour l’espèce humaine. Ce développement a permis la naissance d’un champ représentatif, l’apparition de la subjectivité, des capacités de remémoration ainsi que de projection anticipatrice, en un mot ce qui constitue la temporalité humaine. De telles capacités fondent les processus culturels mais sont aussi génératrices d’une angoisse fondamentale qui caractérise notre espèce.

L’étude de l’évolution des êtres vivants nous apprend en effet le vécu des mammifères dont la biparité sexuelle et la mort de chaque porteur représentent une excellente réponse adaptative 22. Chaque individu, porteur du génotype humain et de la moitié de la sexualité humaine, tend à se mêler aux autres hommes et, une fois terminé son processus de reproduction, à disparaître afin de laisser le champ libre à d’autres générations de détenteurs du génome humain. La diversité des porteurs du génotype permet en tout cas une évacuation accélérée des mutations par trop « marginales » et une diffusion rapide des caractères génomiques particuliers ; la multiplicité des porteurs du génome humain permet aussi une diffusion à travers l’espace qui en garantit une meilleure protection contre les événements extérieurs. Il se trouve cependant que, si l’espèce humaine s’intègre parfaitement dans le cadre de ce processus, chaque individu ressent sa mort ainsi que la disparition de ses proches comme une épreuve intolérable.

De la surdétermination à l’hyper-développement

La raison de ce décalage entre le vécu du mammifère classique et celui des hominiens est assez bien connue et réside, encore une fois, dans la croissance de l’appareil cérébrospinal dont on ne sait pas encore comment il a induit la naissance du champ représentatif, de la mémoire et des opérations intellectuelles, mais dont on sait bien qu’il en est le support. Or il est clair que l’apparition du champ représentatif, donc de la temporalité existentielle, a rendu le vécu mammifère très classique des hominiens totalement insupportable. En acquérant la possibilité de se représenter par anticipation leur propre mort ainsi que celle des êtres aimés, en ayant le pouvoir de se remémorer de façon compulsive leur passé, les hommes vivent interminablement une situation explosive, entre leur destin d’être mortel et leurs aspirations, leurs désirs, situation productrice d’une source permanente d’angoisses.

Il s’agit là de conjectures mais pourtant ces réflexions, suscitées par les observations de paléontologues, rejoignent des méditations philosophiques. Les analyses de Nietzsche et de Freud sur la maladie humaine trouvent dans ce contexte une grande actualité. Ces hypothèses forment, chez Freud, une des bases interprétatives permettant de comprendre la formation de l’appareil psychique. Ces observations redonnent aussi une force nouvelle à la distinction proposée par Claude Lévi-Strauss afin d’identifier les « sociétés froides », traditionnelles, à l’évolution lente, et les « sociétés chaudes », modernes, industrialisées, marquées par des changements rapides 23. Admettons en effet que l’espèce humaine et ses œuvres soient largement déterminées par la recherche de solutions permettant de réduire la source de ces angoisses ; on peut alors considérer que les solutions collectives se sont développées selon deux directions principales recouvrant précisément la distinction proposée par Lévi-Strauss.

La première orientation permettant d’apporter des réponses à un destin si funeste fut essentiellement marquée par un travail collectif sur les représentations et le contrôle de la subjectivité des individus. Les sociétés traditionnelles semblent se caractériser en effet par un double mouvement : bloquer le développement sauvage du champ représentatif individuel, retirer toute valorisation de la subjectivité et mettre en place des systèmes de représentations collectives contraignantes à propos de la vie et de la mort, la mort pouvant devenir une épreuve, un passage nécessaire et positif permettant d’entrer au « paradis » ou dans « les territoires de grandes chasses éternelles ». L’efficacité de ces réponses collectives fut grande, à la mesure même des contraintes exercées sur les individus, et particulièrement sur leur fâcheuse tendance à prendre conscience de leur situation réelle.

Techniques modernes et transfiguration des corps

La réponse par les sociétés traditionnelles a bien disparu ; quelques traces folkloriques de type revival ou world music marquent bien le caractère radical de cette perte. Pour l’homme occidental, ennemi du pathos émotionnel, cette réponse n’a plus guère de sens. Les sociétés chrétiennes ont contribué à briser les régulations traditionnelles au profit d’une foi qui devait à son tour s’épuiser au cours des siècles. Dans un même mouvement, les sociétés « modernes » ont donné à la subjectivité individuelle une grande ampleur sous la forme chrétienne explicite de la thématique du salut, puis sous la forme laïcisée de la subjectivité politique des citoyens et de la subjectivité économique des consommateurs. Les sociétés occidentales, ces « sociétés chaudes », se caractérisent par une relance extraordinaire de la structure anxiogène liée à l’hyperdéveloppement cérébrospinal, situation que l’effondrement de la validité des mythes chrétiens a rendue plus tendue encore. Dans ce nouveau contexte, il ne peut exister que deux tentatives pour réduire la montée de cette angoisse fondamentale. La première réside dans le suicide collectif et présente l’avantage de faire disparaître en une fois la totalité de la situation. Cette orientation est malheureusement d’actualité et présente l’inconvénient majeur de faire disparaître d’autres espèces vivantes qui ne sont pourtant pas responsables de nos maux. Cette possibilité existe donc mais elle ne présente que peu d’intérêt pour la réflexion et pour l’action puisqu’elle en est aussi la fin ; elle est par ailleurs éthiquement irrecevable dans la mesure où elle entraînerait dans le désastre de l’espèce humaine d’autres espèces éminemment respectables.

Une solution reste disponible, promouvoir les productions culturelles, notamment scientifiques et techniques, liées au développement du système nerveux et du champ représentatif qu’il induit, productions capables de modifier le corps et le psychisme des hommes porteurs d’une telle maladie. C’est dans cette perspective et selon ces orientations que la culture occidentale s’est organisée à partir de la fin du Moyen Âge. La naissance des sciences, l’effet amplificateur qu’elles ont joué dans l’épanouissement des techniques, sont donc le détour actif par lequel l’espèce humaine a cru trouver une réponse à son destin. Tentons alors une dernière hypothèse : une bonne part des sciences et des techniques contemporaines opère sur un lieu stratégique du conflit, le corps des hommes. Il s’agit de le transformer afin de réduire l’angoisse et bloquer la souffrance. Le reflux massif d’une part des techniques vers le corps humain, le rôle éminent qu’elles ont joué dans la mise au point de procédés de maîtrise du vivant, peuvent être interprétés dans cette optique. Le caractère inhumain que présentent très souvent les sciences et les techniques peut s’inscrire dans ce mouvement de mise à mort du corps humain traditionnel afin de lui substituer un corps remodelé ne portant plus en lui cette mort classique insupportable.

Il faut donc aller chercher fort loin, jusque vers ces origines obscures au cours desquelles s’est édifié et a émergé l’hominien, pour essayer de saisir le sens de cette dissolution possible de la figure du corps humain et ce vaste mouvement pour forger un nouveau destin. Il est du reste inexact de prétendre que les hommes d’aujourd’hui cherchent à se forger un destin ; ils ne font peut-être que tenter de prendre en charge un destin originel bien plus terrible et dominateur qu’avec beaucoup d’habilité et de courage ils s’efforcent de contourner et de quitter sans regret, sans retour.

  1. 13. André Leroi-Gourhan, Le Geste et la parole, page 50
  2. 14. ibid., page 51
  3. 15. Yves Coppens, Le singe, l’Afrique et l’homme, Paris, Fayard, 1988, page 111
  4. 16. ibid., page 112
  5. 17. ibid., page 114
  6. 18. op. cit., page 113-115
  7. 19. André Leroi-Gourhan, op. cit., tome I, page 32
  8. 20.ibid., page 33
  9. 21. ibid., page 33-34
  10. 22. Sur ce thème, on lira avec avantage l’ouvrage de Jacques Ruffié, Le sexe et la mort, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Points », 1986
  11. 23. Ce thème traverse une part de l’œuvre de Claude Lévi-Strauss ; on en trouvera un exposé succinct dans Race et histoire, Paris, Gonthier, 1961