Qui suis-je ?

Florence Issac

Qui suis-je sur cette terre fragile?
L’obsession est ici compulsive.
Une violence maîtrisée, une révolte active habillent l’œuvre des poètes qui jettent un regard inquiet sur le monde tourmenté.

L’angoisse ne peut se dissoudre que dans la scrutation et la transe mystique à l’écoute de ce que nous disent les formes et les choses sans importance dans notre prison de lune.
L’Art à la main.

Pour en finir avec le temps qui s’enfuit, le temps assassin.
On s’expose, on l’explose, on implose pour aller plus vite, toujours en course dans une frénésie rédemptrice qui annule la mort et la fin elle même.

Le temps n’existe plus.
Les secondes exaltent le cœur et la sincérité.
Une soif de ne retenir que les embellies du jour.

Déchirer le réel glacé par les mots et syntagmes est le passage obligé pour saisir la vérité, l’antre du vide et du plein réconciliés.

Le poète gémit,
crie,
se débat,
ulcéré du manque de vérités,
du manque de lumières,
du manque d’étincelles,
du trop plein d’hypocrisie et du trop plein des jalousies.

De la douleur d’être sincère et entier

Dans cet habit trop étroit qui le comprime le poète s’invente un autre monde digne de ses espérances.
Il le prolonge,
l’allonge,
le démantèle comme il se dissèque lui même
à mi-chemin
entre la terre
et le ciel,
coupé
en
deux

Dans le refuge des lettres, dans la chair des mots, carrefour de toutes les forces positives, il crée des univers parallèles dont il est le maître suprême.

Le « je est un autre », multiple, dense, passionnant qu’il nous faut découvrir loin des masques et des façades.
Nous sommes les prisonniers de notre nature latente

C’est dans cet infini que le temps s’arrête et que le poète s’envole dans ses souvenirs, se libère des chaînes de la culpabilité d’être le spectateur impuissant de l’univers.
Il ancre son devenir, exhibe sa flamme mégalomaniaque contre tous les courants qui voudraient le faire dériver autrement.
Il devient lui et les autres.
Hors du temps et de l’espace, le corps commande son propre destin l’ouvrant à tous les désirs, surtout loin du conditionnement dans lequel la société voudrait l’enfermer.

Comment sortir de l’impasse où nous sommes pour mener une vie plus intense?
La richesse est dans la différence, dans l’exaltation de toutes les fantaisies

Hymne à l’ART vers la quête d’une autre réalité plus belle où l’envie irrépressible de vérité se fait loi.

L’art comme combat ultime contre une pensée unique qui nous ferait passer à côté aveugles de nous mêmes,
de nos potentialités
et de la lecture riche,
heureuse,
complexe
et sans limites du monde