Conseils au collégien

par le Docteur Amédée Fargue Couverture Conseils au collégien
Parc Édition
Titre
Conseils au collégien
Auteur
Amédée Fargue
Collection
Collection Grise 10 x 15
Type
Roman
Taille
ISBN
978-2-91-201003-2
Publié

Présentation

Amédée Fargue, professeur émérite à l’Université de Louvain-la-vieille, spécialiste de psychologie de l’adolescent, conseiller extraordinaire auprès du centre international d’observation de la vache folle et du mouton trembleur, docteur en médecine, docteur ès lettres, est l’auteur d’un ouvrage de référence sur l’un des plus grands quoique méconnus écrivains décadents du XIXe siècle, Jean Levrain, sa mort, son désœuvrement, (Éditions de l’Effacement, Namur, 1971). Sa notoriété mondiale lui vient cependant de ses nombreux guides pratiques, tous publiés aux Presses de l’Exhibition (Paris), parmi lesquels on retiendra : Comment être cocu sans que votre femme le sache ? (avec un témoignage de B.-H. Lévy) ; Se bien comporter durant un viol, (qui doit son énorme succès aux cours particuliers dispensés par des professionnels et proposés avec le livre aux jeunes filles de moins de seize ans – sur présentation de leur carte d’identité) ; Manuel de savoir-vivre et de conversation à l’usage des tortionnaires, (traduit en vingt-quatre langues) ; et La Nécrophilie à la portée de tous, (couronné en 1990 par le Grand Prix de la Ville de Carpentras).

Du même auteur, à paraître : Jalons pour l’extinction définitive de l’espèce humaine (Éditions de l’Endroit, Anvers, 1999)

Extraits

Introitus

Collégien, tu entras depuis peu dans l’âge réputé ingrat par le monde, t’insurgeant boutonneusement contre toute forme d’autorité, surtout la parentale, afin de te forger une identité servile, détestable par le mélange inouï de vice et d’impuissance qui la compose. Ayant perdu le charme de l’enfance, ne possédant encore la sociabilité de l’adulte, tu occupes ce no man’s land climatérique des années de fermentation, ce patrouillis niaiseux, au creux duquel s’élabore, pourtant, comme en ces paluds où la fornication des moustiques mitonne démesurément d’humaines hécatombes, la majeure partie de ton avenir. Quel seras-tu ? décavé ou gagneur ? évangéliste ou tripier ? poète commercial ou marchand philanthrope ? patron sans scrupules ou trimardeur sans vergogne ? digne de haine ou d’indifférence ? En ta cervelle inane s’emmêle l’écheveau complet des vocations possibles, dont une seule, à ton insu, se dénouera tienne ; et il n’y a que ta crasse ignorance d’une telle charge pour pouvoir la porter sans effroi.

Aussi rien n’est-il à la fois plus important et plus méprisable que ton informe personne. Elle se modèle cependant que tu te perds en ton arrogante insignifiance. Elle se pétrit tandis que tu te touches… Tu dérives, en effet, sur les eaux stagnantes de la pubertaire période, ni sexuel, ni asexué. Le tout existentiel croupit, les parties génitales s’émeuvent. De ces dernières, les premières dans l’ordre de tes préoccupations, tu ne peux soulager le prurit inédit, sinon par toi-même. L’onanisme constitue ton essence. Ta connaissance est infime, ton humour grossier, ils ne fonctionnent qu’en vase clos et ressortissent en cela au caractère intégralement masturbatoire de ta logique.

Sache-le donc : Tu es, notamment mâle, l’une des créatures les plus antipathiques du monde sublunaire. Point ne faut dès lors que tu déçoives cette élection : trop souvent déjà, de nos crépusculaires jours, tes lâches et moutonniers camarades y dérogent en masse, la société tendant à devenir adolescente, et eux-mêmes à se comporter comme des vieillards.

Comblant une large autant que malheureuse lacune dans l’éthique contemporaine, ce vademecum se propose de t’aider à épanouir la dimension exécrable et exécrante de ton être, et de te conduire, comme par la main, sur la pente de tes inclinations les plus basses. Car la bassesse se cultive, se perfectionne, et elle dépérit si l’on ne l’entretient pas avec diligence. Elle n’est pas à la portée du premier venu qui, bas dans la bassesse ainsi que dans la hauteur, se contente de s’avachir médiocre.

Les démolitions belles supposent la construction préalable. Ces conseils moraux édifient en vue d’une plus grande ruine.

De melle paterno

Peut-être, malgré les récriminations tutélaires devant cette assuétude, en es-tu encore à apprécier les friandises au E137 dont les artificielles couleurs ravissent ta pupille visionnaire. Ton papy, cependant, enfreint l’interdiction promulguée par tes père et mère et t’offre souvent des bonbons et biscuits en cachette, ad libitum. Méfie-toi de cette proverbiale gentillesse du grand-père à l’égard de son petit-fils : manifestement, s’il te gave de sucreries, c’est par jalousie envers ton étincelante et juvénile dentition ; il la souhaite au plus vite pourrie de caries et de plaques, afin qu’elle cause moins de tort à son râtelier…

Quoiqu’il en soit, en matière de drogue dure, il serait bienséant que tu passasses au registre supérieur, supplantant même la pipe de ton papa et de ta maman les tisanes : sans doute, ton pépé, enfin utile, recèle-t-il en sa pharmacie des médicaments à base de morphine, laquelle tu en peux extraire grâce au procédé mentionné en annexe, afin de te l’injecter en intraveineuse. Tu connaîtras ainsi des impressions violentes avant que la tiédeur bourgeoise ne t’encroûte, et, comme tu auras remplacé le produit dans sa bouteille par n’importe quelle décoction détergente, tu prodigueras généreusement à ton grand-papa, devant qu’il ne meure, des sensations fortes, qui le tireront un moment des illusions anesthésiantes dont il se repaît depuis sa maturité.

Adversus violantas multimediorum

D’incalculables intellectuels s’enquièrent de l’impact, sur la jeunesse, de la violence à la télévision ou dans les jeux vidéos, leurs analyses y discernant tantôt une catharsis, tantôt une incitation, avec des conclusions respectivement apologétique et condamnatoire, opposées en tous points bien que d’accord, au final, pour ne préconiser qu’une réforme modératrice. Pour eux, le collégien s’évide en réceptacle au creux duquel ils se soulagent de leurs pressantes élucubrations. Il leur autorise des indignations paternalistes et des tortillements vertueux à peu de frais, qu’ils affichent sur le petit écran conspué dans leurs gros livres.

Contre ces sociologues, médiologues et autres honteux sociétaires du spectacle, montre avec panache que tu es capable d’élans moraux déconnectés des provocations virtuelles. Ainsi trafiqueras-tu le téléviseur familial de sorte qu’il implose, crible d’éclats vitreux ta sœur qui le regarde de trop près (malgré tes bienveillantes remontrances), et incendie le vilain salon accommodé par le mauvais goût de ta mère. Tu pourras aussi répandre le fruit de tes pollutions dans la fente à disquettes ou le lecteur de CD-Rom de l’ordinateur paternel. Ta dispendieuse console vidéo, plutôt que de la laisser tomber vainement en panne, lâche-la depuis le quinzième étage sur la tête d’un passant, – sa vie étant sans prix, il réalise par ce biais un amortissement idéal. Enfin, n’hésite pas à empaler le caniche de tes voisins au centre de l’antenne parabolique, ou encore à inviter ton meilleur camarade à jouer pour le pendre avec le câble.

Autant d’actes qui prouvent que tu sais être violent en dépit du multimédia, selon une résolution parfaitement libre et responsable.

Super strategia mercatoris

Le goût du lucre existe chez le collégien de façon moult vivace. Mais, dans son habituelle couardise, il ne le satisfait que médiocrement, par des rapines exercées sur des êtres pauvres ou faibles, la domestique serbe, l’enfant d’âge moindre, le clochard assoupi à coup de bottes. Encore qu’il ne s’agisse pas de rester gagne-petit, ce sol peut s’amender en un excellent terreau pour l’éclosion des roses profitables, et l’adolescent tourner en un superbe mercanti, sachant piétiner et exclure toujours plus d’individus en créant davantage d’emplois et de bien-être, selon ce dynamisme macroéconomique qui permet, dans l’infâme, d’avoir meilleure conscience qu’en dehors. Toutefois, pour devenir un battant, il faut dès la jeunesse traficoter et acquérir plaisamment des rudiments concrets d’économie et de management. Les tendres racketteurs qui réussissent, plus tard se retrouvent présidents d’une compagnie d’assurances ; mais il vaut mieux préparer ses arrières et d’emblée plus avant pousser son instruction.

De substituer à un numéro vert d’aide aux enfants battus celui d’un réseau de pédophilie ne constitue qu’une étape dans la compréhension des rapports de l’offre et de la demande. La propagation d’une maladie contagieuse t’initiera mieux aux méthodes de conquête d’un marché, et te permettra de te divertir, entre deux alitements. Si tu as contracté une forte grippe (ou quelque autre infection comparable), instille de ta pathogène salive dans les aliments de ton entourage, père et mère, frères et sœurs, grands-parents et amis, et, à partir de cet échantillon (panel), discerne les consommateurs les plus réceptifs à l’inoculation, bambins, teenagers, adultes ou vieillards, mâles ou femelles, ouvriers ou cadres supérieurs. Tu définiras les populations-cibles. Ceux qui en mourront te seront les plus favorables. Ce premier pas franchi, tu peux travailler à l’amélioration de ton produit, y doser plus ou moins de mucus, y ajouter d’excrémentielles humeurs, de manière à mieux répondre aux exigences de ta clientèle. Attention à ce qu’aucun de tes crachats ne se perde, soit par son évacuation ailleurs que dans le plat d’un tiers, soit par un stockage trop long dans ta gorge : leur écoulement continu et sans gaspillage t’enseignera la productivité des « flux tendus ». Les maladies à fort rendement de contagion sont les mieux venues, et rien ne te paraîtra gentil comme la gale et son très sociable acarus sarcopte pour ton apprentissage et ton perfectionnement dans la stratégie d’entreprise. (Songe que les industries pharmaceutiques suivent nécessairement le mode de la croissance morbide, en négatif, et qu’à l’avenir tu les sauras diriger avec facilité).

Dans la supposition ù tu attraperais la rubéole ou les oreillons, bénis les dieux de cette providence, – ces maux étant parmi les plus didactiques et cocasses, – et veille à pénétrer le marché des femmes enceintes et des hommes virils. Si, à force de vigilance commerciale, grâce à tes talents conjugués de gestionnaire, de concepteur et de décideur débutant, tu réussis à susciter, chez les unes, des rejetons difformes, et, chez les autres, une impuissance irrémédiable, sois assuré de ta future réussite sociale.

De pedofilofilia

De nombreux hommmes d’affaires apprécient les collégiens et tentent de les séduire, à la sortie de l’école, pour se détendre, de façon tout à fait justifiée, de quelque opération boursière considérable effectuée la veille. Si un personnage de ce genre t’accoste, surtout, n’hésite pas à le suivre. Comme tu portes sur toi une arme à feu, il te sera loisible, au moment opportun, de le mettre à mort, d’alléguer la légitime défense, et de te voir applaudi à la une des journaux. Par ailleurs, si telle est ta propension, tu pourras, avant que de le signaler aux autorités, t’égayer avec le cadavre ou l’agonisant, et lui faire subir les plus intéressants sévices. Ces naïfs pédophiles te seront toujours des proies faciles.

Si vis medicum para tortorem

Le collégien aime à s’instruire, spécialement dans le domaine biologique, en faisant souffrir des bêtes innocentes. Pavlov en gésine, Claude Bernard en herbe, il ne convient pas de contrarier son aspiration vers l’anatomo-pathologie, surtout au nom de principes – diable merci ! – désuets à une époque où l’humanité entière sert de cobaye à la Technique. Qui sait si son pouvoir de guérison, dans le futur, d’êtres malades, ne dépend de ce que durant son adolescence on lui concéda le droit d’en torturer d’autres ? La cruelle curiosité de sa jeunesse est la condition de son savoir-faire médical à l’âge mûr. On ne la doit donc point décourager, mais au contraire affermir, aiguiser, dans l’espérance d’y fomenter les grandes découvertes scientifiques de demain… Nulle besogne plus instructive, sous ce chef, que de tourmenter un mammifère supérieur, dont le système nerveux et l’aptitude à la douleur sont les mieux développés.

Délaisse en conséquence les lézards amputés, les mouches privées de leurs ailes, les chats échaudés et les chiens gratifiés d’une viandeuse boulette fourrée d’aiguilles, et te tourne vers tes congénères. Probablement disposes-tu d’une mamie ou d’un petit frère sous la main. De la première, tu peux mélanger les cachets, saboter la canne afin qu’elle la casse en appuyant dessus, diluer un peu de tes glaires, – si tu  as confiance en leur richesse microbienne,  – dans son potage, en bref multiplier les expériences de physique et de chimie amusantes qui te propulseront sans peine, plus tard, au rang des gérontologues de renommée mondiale. Avec le second, adonne-toi à des exercices plus directs. Commence par les objets contondants et garde les tranchants pour la fin, de manière à ne pas écourter l’expérimentation. Une progression raisonnée s’impose, du pincement à l’ecchymose, jusqu’à l’escarre et la découpure. N’éventre ni n’égorge qu’en dernier lieu, et si le zèle d’apprendre te tisonne, patiente en crevant un œil ou en arrachant un doigt – décapiter trop vite, c’est couper court au plaisir, dit la sagesse des bourreaux. Ne regimbe non plus à cette compassion propre aux plus savants inquisiteurs : ménage assez de temps entre les séances pour que ton adorable frérot puisse refaire sa capacité à souffrir, car il est un point de saturation algique où le rajout d’une blessure ne cause plus aucun mal supplémentaire… Ainsi familiarisé avec les plaies et la douleur (sans cela insoutenable) des enfants, tu pourras devenir un médecin sans frontière ou un fameux chirurgien, au grand bonheur des organismes humanitaires.

De perfectione onanismi

Le collégien s’est généralement coupé ou décousu les poches du pantalon afin de réaliser son entéléchie en cours, aux dépens du calcul fractionnel. Il arrive néanmoins que la professeuse de mathématiques soit mignonne et qu’il se mette à la tâche, brigue les bonnes notes, tel qu’un tremplin libidinal, par amour de la matière tétonneuse et fessue. L’x de l’équation du premier degré, qu’il contemple d’une seule main, le renvoie sans intermédiaire à l’X du dernier degré de la pornographie, et la géométrie plane s’estime à l’aune du triangle décolleté ou de l’ellipse postérieure. Cette manière imaginaire de posséder la femme est une des plus accomplies, quoique tu en penses, et lorsque, plus âgé, tu seras obligé de remonter sur le tas gémisseur administrativement désigné comme ton épouse, c’est-à-dire celle qui dans sa passion partagera avec toi ses vesses, ses menstrues, sa fétide haleine matutinale, ses pertes blanches et tes points noirs, tu regretteras les grands moments de manipulation onirique de ton adolescence…

Il n’est que de les agrémenter d’accessoires pour les rendre infiniment exquises. La simulation procurée par un foie de veau est si soyeuse qu’elle surpasse parfois en tact son modèle vulvaire. Le trou arrière de la dinde de Noël dispense à s’y tromper les blandices d’une intromission anale. Tous les ingrédients du pot-au-feu ont leur usage érotique, la viande pour les garçons, les légumes pour les filles. Et si ces émotions te sont agréables, combien délicieuse celle de voir plus tard ton père, pendant qu’il te sermonne, ressasse ses préceptes d’hygiène, ou bien joue les héros domestiques pour n’avoir pas redouté l’emplette d’un bifteck bovin, en mastiquer un morceau imprégné de ta sueur et de tes éjaculats !

De jure juvenium : de facto fascinorum

Les jouvencelles, plus jeunes que toi, fraîches encore même dans leurs déjections, devraient cependant capter ton dévolu. Il te sera facile d’en soumettre une à ta fantaisie, moyennant séduction, achat ou chantage, cueillant sa fleur par sa tige pusillanime ou vénale, voire vicieuse à ton instar. N’aie de scrupule mie : dans les plus puritaines familles, l’aîné souvent force la cadette à des attouchements, sous peine de la dénoncer aux parents si sévères et qui la puniraient durement si on les avertissait, par exemple, qu’elle lécha en tapinois le pot de confiture, ou qu’elle leur subtilisa cinq francs pour leur faire un cadeau. Prends-en de la bonne graine : si tu as une sœurette, par les occasions de marchandage et de frayeur qu’elle fournit, la rigidité de l’observance parentale peut servir à celle de ton sexe. Enfin, adonne-toi le plus possible au détournement de mineur, car, étant mineur toi-même, tu ne saurais tomber sous le coup de la loi. Profite de ce privilège, de peur à l’avenir de t’en mordre l’index : à ta majorité, on t’accordera le droit de vote pour t’ôter ce droit de cuissage – un bien triste échange, à vrai dire, une escroquerie…

Quomodo puella patrem honorare debeat

Si tu es une collégienne, ne demeure pas en rade. Rien ne t’empêche, avec un tantinet d’habileté, de conduire ton père à l’inceste. Il te suffit de lui suggérer, par de judicieuses allusions, que dans le cas où une telle chose advenait tu n’en soufflerais mot à quiconque : ce qui le retient ne relève pas de la nature ni de la morale, mais de son épouvante devant la publicité, la punition et l’opprobre sociales.

Pour finir, quand tu l’auras perfidement amené à te satisfaire, tu l’induiras peu à peu à penser qu’il te viola, ou, du moins, commit un crime horrible, sans rémission, et tu étudieras à souhait l’effet dévastateur du remords sur un homme mûr ; puis, éventuellement, si tu es ingénieuse, le consolant avec une accablante miséricorde, lui pardonnant de telle sorte que la sublime innocence de ta pitié accuse davantage son ignominie profanatrice, tu pourras l’acheminer pas à pas, avec beaucoup d’intérêt, vers le véronal ou la pendaison.

C’est au reste une incomparable coquetterie pour une jeune fille que d’avoir un père suicidé : tes airs y gagneront en élégiaque profondeur, tes amants n’en brûleront que d’une plus fiévreuse tendresse, et la plupart de tes amies en seront jalouses.

Non imaginandum est parricidium…

Fréquemment le collégien, pour avoir une excuse de ne pas plancher sur l’interrogation de mathématiques, s’étant la veille masturbé avec frénésie en rêvant à la première de la classe au lieu de réviser, soupire après la mort de son père ou de sa mère, ou bien d’un aïeul, le décès d’icelui pouvant à la limite émouvoir l’indulgence de ses professeurs. Preste, cependant, il s’en veut d’avoir songé à ces parricides pour couvrir son astiqueuse fainéantise. Il se rend compte, plein de honte, que de tels arguments ne marchent qu’une fois avec chaque membre du foyer, et il se lamente avec les moralisateurs traditionalistes de la moderne atomisation de la famille, laquelle entraîne une trop rapide pénurie de deuils. Mauvais calcul, donc ! Et qui n’augure rien de bon pour le devoir d’algèbre…

Par conséquent, plutôt que de souhaiter le trépas de tes parents pour te confectionner des prétextes, tues-en un seul (de préférence celui qui t’aime le plus, afin qu’il ne connaisse pas la tristesse de te savoir criminel), détruis ce livre et rejette toute la faute sur la funeste influence de Sigmund Freud et de son complexe.

Ainsi, tu purgeras en maison d’arrêt une courte peine, environné de journalistes et d’éditeurs, et personne ne t’enquiquinera avec des tests, notes ou chiffres, sinon ceux de ton matricule et du montant de ton témoignage. De surcroît, tu seras libre de te divinement consacrer, entre quatre murs, aux joies du solitaire plaisir.